"Les yeux fixés sur Jésus-Christ, qui est à l'origine et au terme de la foi" He 12,2

Poèmes et Méditations

Une pause spirituelle et poétique à s’offrir à tout moment de la journée !

Des textes au fil des jours et des temps liturgiques…


La porte

Un rayon de lumière glisse sous le montant
De la porte fermée où butte le regard
Et comme un papillon fasciné du dedans
L’homme lance à l’assaut sa force et son espoir

Il frappe sans répit le bois qui le sépare
De ce sillon d’aurore où palpite une Vie
Qu’il devine et pressent ardente comme un phare
Pour guider ses chemins et traverser ses nuits

Contre la porte close , il jette son désert ,
Et sa soif et sa faim de sens et de clarté
Poussé au fond de lui par un brûlant mystère
Il insiste et s’épuise à vouloir l’enfoncer

Et puis finalement , vaincu dans le combat ,
Il s’écroule , fiévreux , et renonce à l’ouvrir
Abandonne en silence et fait sombrer sa voix
Au pied de la lumière qu’il ne peut conquérir …

Alors , dans le murmure d’un tendre grincement,
Le battant de la porte entr’ouvre  son sourire
Le sillon lumineux s’engouffre doucement
Et l’homme se relève , que son étoile attire

Alors il aperçoit Quelqu’un qui l’attendait
Au bout de sa recherche et de son impuissance
Quelqu’un guettant le jour où , enfin , il pourrait
Comprendre que la porte s’ouvrait dans l’autre sens !

Voyageur inconnu qui frappez aujourd’hui
Quelqu’un s’ouvre tout grand , qui veut vous accueillir
IL connait vos déserts et IL connait vos nuits
Entrez dans sa Lumière , IL vient vous rafraîchir…

Sœur Marie-Catherine, Le Chesnay


Lumière

Des flammes dansent leur cortège de lumière
Sous les voûtes joyeuses où l’Enfant est porté
Des étoiles s’allument dans les yeux où s’éclaire
Le chemin de la Grâce et de l’humanité

Peu à peu investie par les cierges chantants
L’allée sortie de l’ombre , se fait route d’étoiles
Et le cœur, invité à s’ouvrir au-dedans,
Apprend que sous la nuit , une aube se dévoile

Cette aurore se lève aussi dans le rocher
Où la Femme est venue ranimer l’Espérance
Confier à une enfant le chant immaculé
Qui berce les douleurs et guérit de l’absence

Le brasier se fait source et fontaine de vie
Pour abreuver la soif où tout homme est plongé
Pour en désaltérer les blessures enfouies
Et libérer les cœurs des prisons inavouées

Et le Feu se transmet , par les doigts transparents
D’une vierge romaine au printemps de son âge
Offrant sa vie au glaive , dans l’éclat innocent
D’une fragilité, forte du témoignage

Et le Flambeau , alors , devient torche brûlante
Dans les yeux libérés du Pharisien vaincu
Paul entreprend sa course , aux lumières ardentes,
Un sillon se répand sur les terres inconnues …

Ami à qui la Flamme est transmise aujourd’hui
Laisse-la visiter tes ombre et tes chemins
N’aie pas peur , ouvre-lui les portes de tes nuits
Elle en fera sortir l’aurore d’un Matin

Et tu pourras alors , debout et clarifié,
La porter à ton tour , en délivrer la joie
A tout homme perdu , que ta route a croisé,
Lui annonçant le Feu qui éclaire ta Foi …

Sœur Marie-Catherine, Le Chesnay


Avent

Insaisissable et doux , comme un nuage bleu
Qui abrite l’aurore et la pluie nourrissante
IL vient dans le secret et le rêve de Dieu
Libérer les eaux vives en son chant de naissance

IL offre , dans la nuit de sa fragilité
En corps vêtu de paix et de tendre espérance
Dépose , dans un cœur brûlant de pauvreté
Une Lumière ardente habillée d’Innocence

IL croît comme l’épi s’emplissant de beaux grains
Pour la moisson future , aux récoltes de joie
IL prépare les fruits et le Pain de demain
Pour en combler son peuple et nourrir sa Foi

Parce qu’IL est venu , IL part sur les chemins
Semer à profusion la Tendresse et la Vie
Ouvrir les prisons et guérir de ses mains
Les terres bouleversées et les sillons meurtris

Mais les graines jetées prennent goût de désert
Et le sol lézardé se referme sur Lui
En des griffes d’argile , violemment on L’enserre
Pour abîmer son chant à jamais dans la nuit

Alors IL vient en paix livrer dans l’impuissance
Et l’épi et le grain , et le sang et la fleur
IL se laisse élever , pour verser en silence ,
Le Vin qui donne Vie , au fruit mûr de son Cœur

IL vient , dans le froid nu où le couche la pierre
Affronter cette mort où tout grain est perdu
Descendre , dépouillé , au profond de la terre
Y délivrer l’épi dans son élan vaincu

Aux tables où sont dressées nos vivantes moissons
IL vient se faire Pain et Sang pour notre Vie
Dans nos veines IL répand le Vin dont nous brûlons
Et rompt pour nous son Corps en flamme qui jaillit

IL vient pour déchirer nos sources endormies
Sous l’écorce brisée du monde et ses mirages
Libérer les étoiles au profond de nos puits
Élargir notre soif en se faisant Rivage

Au secret de nos cœurs , comme un nuage bleu
Il vient à chaque instant nous partager son chant
IL est l’ardent Amour dont aime notre Dieu
Qui vient vivre nos vies et nous rendre vivants

IL vient et reviendra embraser le Mystère
Lorsque sera levée la récolte des âges
Veillons comme les grains semés dans la Lumière
Tendus vers le Soleil où brille son Visage …

Sœur Marie-Catherine, Le Chesnay


Une hirondelle est au dedans

On veut me dire que l’horizon
Disparait à ce qui se voit
Faisant du monde une prison
Dont on ne s’évadera pas

On veut me dire qu’on ne sait pas
-Les calculs ne sont pas au point-
Ni d’où l’on vient , ni où l’on va
Qu’importe le sens du chemin !

On veut me dire que le passé
S’est à jamais évanoui
Qu’embrassant la réalité
Il faut ne lire qu’aujourd’hui

On veut me dire que le présent
N’est que violence et trahison
Qu’on peut mourir à tout instant
Sans espérance et sans raison

On veut me dire que l’avenir
Est incertain et dangereux
Qu’il faut apprendre à devenir
Un consommateur bienheureux !

Mais on ne pourra empêcher
Que battent au fond de mon cœur
Des ailes ardentes à vole
Vers cet appel d’un Ailleurs

Mais on ne pourra étouffer
Le désir d’au-delà des choses
Qui brûle sans se consumer
Comme la flamme d’une rose

Mais on ne pourra retenir
L’hirondelle qui est au-dedans
Et qui ne cesse de courir
Vers les invisibles printemps

Printemps qu’on ne peut enfermer
Dans toutes les mains de terreur
Dans les mensonges calculés
Montant les prisons de la peur

L’hirondelle porte dans son cœur
Plus réelle que ce qui se voit
L’Aube invisible de l’Ailleurs
Qui l’attend et lui ouvre les bras …

Sœur Marie-Catherine, Le Chesnay